Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/152

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femmes sur le vaisseau. Une dame russe s’aperçut du danger la première ; elle jeta l’alarme parmi l’équipage. A la première nouvelle d’un péril imminent, la terreur fut grande : tout l’équipage poussa le cri sinistre : « Au feu ! au feu ! sauve qui peut ! » On était dans le mois d’octobre, au milieu de la nuit, à plus d’une lieue de terre, et malgré la manœuvre ordonnée, dit-on, par le capitaine, l’on naviguait dans une sécurité profonde, quand on vit l’incendie éclater tout à coup en plusieurs endroits à la fois ; au même moment le vaisseau s’engrave et le mouvement des roues s’arrête. Le feu avait pris à des pièces de bois, lesquelles, par un défaut de construction, se trouvaient trop voisines du fourneau qui faisait aller la machine. Déjà la fumée pénétrait jusque dans les cabines des voyageurs. Un silence lugubre succède aux premières exclamations de la foule : les femmes, les enfants eux-mêmes se taisent, tant la stupeur s’accroît. Malheureusement le banc de sable sur lequel on venait d’échouer ne s’étendait pas jusqu’à la terre ferme, ce bas-fond était en quelque sorte pareil à une île, et séparé du continent par des parties de mer que la profondeur de l’eau ne permettait de franchir qu’en bateau ; grâce au ciel le temps était calme.

Tandis qu’une partie des matelots est occupée à faire jouer les pompes et à remplir des seaux destinés à retarder les progrès du feu, le capitaine ordonne de