Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/151

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les Russes, un des plus beaux bateaux à vapeur du monde. On l’appelle le Nicolas Ier. Ce même vaisseau a brûlé l’année dernière, pendant une traversée de Pétersbourg à Travemünde ; on l’a refait, et depuis cette restauration, il en est à son deuxième voyage. Le souvenir de la catastrophe arrivée pendant le premier ne laisse pas que de causer quelque appréhension aux passagers. L’histoire de ce naufrage est honorable pour nous, à cause de la noble et courageuse conduite d’un jeune Français qui se trouvait parmi les voyageurs.

C’était la nuit, on voguait dans les parages du Mecklembourg, et le capitaine jouait tranquillement aux cartes avec quelques passagers. Ses amis ont prétendu, pour le justifier, qu’il savait l’accident dont était menacé le vaisseau, mais qu’ayant reconnu, dès le premier moment, que le mal était sans remède, il avait donné en secret l’ordre de s’approcher en toute hâte des côtes du Mecklembourg pour y faire échouer le bâtiment sur un banc de sable, afin d’atténuer le danger. Cependant, ajoutent les mêmes amis, il s’efforçait, par son héroïque sang-froid, de prolonger autant que possible la sécurité des passagers, sécurité nécessaire au salut du bâtiment ; vous verrez tout à l’heure ce que l’Empereur a pensé de cet effort de courage trop vanté !…

Il y avait plus de trente enfants, et beaucoup de