Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/199

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parce qu’il fait du mal, mais parce qu’il fait trop de plaisir.

— Vous vous moquez, mais allez à Greiffenberg, vous reviendrez aussi croyant que je le suis.

— Prince, en écoutant votre récit, je crois ; mais quand je réfléchirai je douterai : ces cures merveilleuses ont souvent des suites fâcheuses : des transpirations si violentes finissent par décomposer le sang ; que gagneront les malades à changer la goutte en hydropisie ? Vous êtes un bien jeune adepte ; si vous me paraissiez sérieusement malade, je n’oserais vous parler avec tant de franchise.

— Vous ne m’effrayez nullement, ajouta le prince, je suis si persuadé de l’efficacité du traitement par l’eau froide que je vais fonder chez moi un établissement semblable à celui de Greiffenberg. »

Les Slaves ont une autre manie que celle de l’eau froide, pensais-je tout bas, c’est la passion de toutes les nouveautés. L’esprit de ce peuple d’imitateurs s’exerce incessamment sur les inventions des autres. Outre le prince K*** et la famille D***, une princesse L*** se trouve encore sur notre vaisseau. Cette dame retourne à Pétersbourg ; elle en était partie, il y a huit jours, pour se rendre par l’Allemagne à Lausanne en Suisse, où elle comptait rejoindre sa fille près d’accoucher ; mais en débarquant à Travemünde, la princesse demande par désœuvrement la liste des