Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/198

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— Rien ni personne, repris-je.

— Vous vous trompez, répliqua le prince avec la vivacité d’un nouveau converti ; sur une multitude de malades, il n’est mort que très-peu de personnes à Greiffenberg. Des princes, des princesses s’établissent près du nouveau sauveur, et quand on a essayé de son remède, l’eau devient une passion. »

Ici, le prince D*** interrompt sa narration, il regarde à sa montre et appelle un domestique. Cet homme arrive une grande bouteille d’eau froide à la main, et la lui verse tout entière sur le corps, entre son gilet et sa chemise : je n’en croyais pas mes yeux.

Le prince continue la conversation sans paraître remarquer mon étonnement : « Le père du duc régnant de Nassau, dit-il, vient de passer un an à Greiffenberg ; il y est arrivé perclus et impotent : l’eau l’a ressuscité, mais comme il prétend à une guérison parfaite, il ignore encore quand il pourra quitter la place. Nul ne sait en arrivant à Greiffenberg combien de temps il y restera ; la longueur du traitement dépend du mal et de l’humeur du malade : on ne peut calculer l’effet d’une passion, et cette manière d’employer l’eau devient une passion pour certaines personnes, qui dès lors se fixent indéfiniment près de la source de leur suprême félicité.

— Ainsi ce traitement devient dangereux, non