Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/220

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attachés à sa maison, s’occupaient à transporter à terre le reste de la cargaison du bâtiment échoué, sans remarquer que, pendant le massacre, le capitaine, profitant de l’obscurité, s’était sauvé dans une chaloupe où l’avaient suivi quelques matelots de son bord.

« Vers le point du jour, l’œuvre de ténèbres du baron et de ses sicaires n’était pas achevée, lorsqu’un signal annonce l’approche d’un canot : aussitôt on ferme les portes secrètes des souterrains où le produit du pillage est déposé, et le pont-levis s’abaisse devant l’étranger.

« Le seigneur, avec l’hospitalité élégante qui est un trait caractéristique et ineffaçable des mœurs russes, se hâte d’aller recevoir le chef des nouveaux débarqués : affectant la plus parfaite sécurité, il s’était rendu pour l’attendre dans une salle voisine de l’appartement de son fils ; le gouverneur de son fils était couché alors et dangereusement malade. La porte de la chambre de cet homme, qui donnait dans la salle, était restée ouverte. On annonce le voyageur.

« M. le baron, » dit l’étranger d’un air d’assurance très-imprudent, « vous me connaissez ; néanmoins vous ne pouvez me reconnaître, car vous ne m’avez vu qu’une fois et dans l’obscurité. Je suis le capitaine du vaisseau dont l’équipage vient en partie de