« Le personnage que Pierre voulait adjoindre au nouveau frère de l’Impératrice était le plus grand seigneur de Moscou, et, après le Czar, le principal personnage de l’Empire : il s’appelait le prince Romodanowsky… Pierre lui fit dire par son premier ministre qu’il eût à se rendre à la cérémonie pour marcher à la procession à côté de l’Empereur, honneur que le boyard partagerait avec le nouveau frère de la nouvelle Impératrice.
« — C’est bien ; répondit le prince ; mais de quel côté le Czar veut-il que je me place ?
— Mon cher prince, répond le ministre courtisan, pouvez-vous le demander ? le beau-frère de Sa Majesté ne doit-il pas avoir la droite ?
« — Je ne marcherai pas répond le fier boyard. »
« Cette réponse, rapportée au Czar, provoque un second message :
« — Tu marcheras, lui fait dire le tyran, un moment démasqué par la colère, tu marcheras, ou je te fais pendre !
— Dites au Czar[1], réplique l’indomptable Moscovite, que je le prie de commencer par mon fils unique, qui n’a que quinze ans ; il se pourrait que cet enfant, après m’avoir vu périr, consentît par peur à marcher à la gauche du souverain, tandis que je
- ↑ Pierre Ier n’a pris le titre d’empereur qu’en 1721.