Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/246

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sans danger n’était grave que pour le capitaine, qui s’attendait à être cassé le lendemain ; et peut-être puni plus sévèrement. Le prince K*** me disait tout bas que ce malheureux aurait mieux fait de périr avec son vaisseau. L’équipage, moins exposé aux réprimandes, n’était pas de cet avis, ni notre compagne de voyage, la princesse L***

Cette dame a un fils embarqué en ce moment sur le malencontreux vaisseau. Très-inquiète, elle allait s’évanouir encore une fois comme elle avait fait la veille, lors de l’accident arrivé à la machine de notre bâtiment ; mais elle fut rassurée à temps par le gouverneur de Kronstadt qui vint lui donner de bonnes nouvelles.

Les Russes me répètent sans cesse qu’il faut passer au moins deux ans en Russie avant de se permettre de juger leur pays, le plus difficile de la terre à définir.

Mais si la prudence, la patience sont des vertus nécessaires aux voyageurs savants, ou à ceux qui aspirent à la gloire de produire des ouvrages difficiles, moi qui crains ce qui a donné de la peine à écrire parce que cela en donne à lire, je suis résolu à ne pas faire d’un journal un travail. Jusqu’à présent je n’écris que pour vous et pour moi.

J’avais peur de la douane russe, mais on m’assure que mon écritoire sera respectée. Au surplus, pour