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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/259

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chacun est écrit sur son chapeau ou sur son épaulette ; mais le fond de l’homme est le même partout… Notre douanier de salon, tout en continuant de se donner des airs de cour, confisque poliment un parasol, arrête une malle, emporte un nécessaire ; et renouvelle, avec un sang-froid imperturbable, des recherches déjà consciencieusement faites par ses subordonnés.

Dans l’administration russe les minuties n’excluent pas le désordre. On se donne une grande peine pour atteindre un petit but, et l’on ne croit jamais pouvoir faire assez pour montrer son zèle. Il résulte de cette émulation de commis, qu’une formalité n’assure pas l’étranger contre une autre. C’est comme un pillage : parce que le voyageur est sorti des mains d’une première troupe, ce n’est pas à dire qu’il n’en rencontrera pas une seconde, une troisième, et toutes ces escouades échelonnées sur son passage le tracassent à l’envi.

La conscience plus ou moins timorée des employés de tous grades auxquels il peut avoir affaire, décide de son sort. Il aura beau dire, si on lui en veut, il ne sera jamais en règle. Et c’est un pays ainsi administré qui veut passer pour civilisé à la manière des États de l’Occident !…

Le chef suprême des geôliers de l’Empire procéda lentement à l’examen du bâtiment : il fut long, très--