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LETTRE HUITIÈME.


Pétersbourg, ce 11 juillet, au soir.

Les rues de Pétersbourg ont un aspect étrange aux yeux d’un Français ; je tâcherai de vous les décrire, mais je veux d’abord vous parler de l’entrée de la ville par la Néva. Elle a de la célébrité et les Russes en sont fiers à juste titre ; cependant je l’ai trouvée au-dessous de sa réputation. Lorsque de très-loin on commence à découvrir quelques clochers, ce qu’on distingue fait un effet plus singulier qu’imposant. La légère épaisseur de terrain qu’on apercevait de loin entre le ciel et la mer, devient un peu plus inégale dans quelques points que dans d’autres ; voilà tout, et ces irrégularités imperceptibles, ce sont les gigantesques monuments de la nouvelle capitale de la Russie. On dirait d’une ligne tracée par la main tremblante d’un enfant qui dessine quelque figure de mathématique. En approchant on commence à reconnaître les campaniles grecs, les coupoles dorées de quelques couvents, puis des monuments modernes, des établissements publics : le fronton de la Bourse, les colonnades blanchies des écoles, des musées, des casernes, des palais qui bordent des quais de granit : une fois entré dans Pétersbourg,