Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/270

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vous passez devant des sphinx également en granit ; ils sont de dimensions colossales, et leur aspect est imposant. Une ville de palais, c’est majestueux ! Toutefois, l’imitation des monuments classiques vous choque quand vous pensez au climat sous lequel ces modèles sont maladroitement transplantés. Mais bientôt vous êtes frappé de la quantité de flèches, de tourelles aux formes variées, d’aiguilles métalliques qui s’élèvent de toutes parts : ceci est au moins de l’architecture nationale. Pétersbourg est flanqué de vastes et nombreux édifices à clochers : ce sont des communautés religieuses ; ces villes sacrées servent de rempart à la ville profane. Les églises russes ont conservé leur originalité primitive. Ce n’est pas que les Russes aient inventé ce style lourd et capricieux qu’on appelle byzantin. Mais ils sont grecs de religion, et leur caractère, leur croyance, leur instruction, leur histoire justifient les emprunts qu’ils font au Bas-Empire : on peut leur permettre d’aller chercher les modèles de leurs monuments à Constantinople ; mais non pas à Athènes. Vus de la Néva, les parapets des quais de Pétersbourg sont imposants et magnifiques ; mais au premier pas que vous faites à terre, vous découvrez que ces mêmes quais sont pavés en mauvais cailloux, incommodes, inégaux, aussi désagréables à l’œil que nuisibles aux piétons et pernicieux pour les voitures. Quelques flèches dorées,