Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/302

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des légions d’insectes. Pour me tranquilliser, il m’assure que cette vermine ne viendra pas me chercher si je me tiens loin des meubles où elle reste discrètement renfermée.

Après m’avoir consolé de la sorte il m’abandonne dans la solitude de sa maison.

Les auberges de Pétersbourg tiennent du caravanserail ; à peine casé, vous demeurez là livré à vous-même, et si vous n’avez vos propres domestiques, vous n’êtes point servi : le mien ne sachant pas le russe, n’est au fait de rien : non-seulement il ne pourra m’être utile, mais il me gênera, car il faudra que j’aie soin de lui comme de moi-même.

Cependant, avec son intelligence italienne, il m’eut bientôt trouvé dans un des corridors noirs de ce désert muré qu’on appelle l’hôtel Coulon, un domestique de place qui cherchait fortune. Cet homme parle allemand et le maître de l’auberge le recommande. Je l’arrête et lui dis ma peine. Aussitôt il me fait venir un lit de voyage en fer à la russe : j’achète ce meuble, j’en remplis le matelas avec de la paille la plus fraîche que je puisse obtenir, et j’établis mon coucher, les quatre pieds dans des jarres pleines d’eau, au beau milieu de la chambre, que j’ai soin de faire démeubler entièrement. Ainsi retranché pour la nuit, je me rhabille, et, accompagné du domestique de place à qui je donne l’ordre de ne me point diriger, je sors de