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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/307

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tour à tour de cette physionomie agitée malgré elle un livre aussi instructif qu’amusant à étudier.

Quand votre espion est mis en défaut par votre apparente sécurité, il fait une mine vraiment grotesque, car il se croit compromis par vous dès qu’il voit que vous n’avez pas peur de l’être par lui ; l’espion ne croit qu’à l’espionnage ; et si vous échappez à ses filets, il se figure qu’il va tomber dans les vôtres.

Une promenade par les rues de Pétersbourg sous la garde d’un domestique de place, est, je vous assure, bien intéressante et ne ressemble guère à une course dans les capitales des autres pays du monde civilisé. Tout se tient dans un État gouverné avec une logique aussi serrée que l’est celle qui préside à la politique russe.

En quittant le vieux et tragique palais Saint-Michel, j’ai traversé une grande place qui ressemble au Champ de Mars de Paris, tant elle est vaste et vide. D’un côté un jardin public, de l’autre quelques maisons ; du sable au milieu et partout de la poussière, voilà cette place : sa forme est vague, sa grandeur immense, et elle finit à la Néva près d’une statue en bronze de Suwaroff.

La Néva, ses ponts et ses quais sont la vraie gloire de Pétersbourg. Ce tableau est si vaste que tout le reste paraît petit. La Néva est un vase plein jusqu’aux bords qui disparaissent sous l’eau prête à dé-