Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/313

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Pétersbourg ; et les Ivan préparaient la voie à Pierre le Grand.

La délivrance de la Moscovie après de longs siècles d’invasion ; plus tard, le siége et la prise de Kasan par Ivan le Terrible ; les luttes acharnées contre la Suède, et tant d’autres brillants et patients faits d’armes justifient la fière attitude de Pierre Ier et l’humble confiance de sa nation. La foi en l’inconnu est toujours imposante. Cet homme de fer avait le droit de s’appuyer sur l’avenir ; les caractères comme le sien font ce que les autres espèrent. Je le vois avec la simplicité d’un vrai grand seigneur, même d’un grand homme, assis sur le seuil de cette cabane d’où il prépare en même temps contre l’Europe une ville, une nation et une histoire. La grandeur de Pétersbourg n’est pas vide, et cette puissante ville, dominant ses glaces et ses marais pour dominer le monde, est superbe, moins superbe encore aux yeux qu’à la pensée ! A la vérité, cette merveille a coûté cent mille hommes engloutis, par obéissance, dans des marais pestilentiels qui sont aujourd’hui une capitale.

L’Allemagne voit de nos jours s’accomplir un chef-d’œuvre de critique : une de ses villes se transforme savamment en une ville de la Grèce et de l’Italie ancienne ; mais à la nouvelle Munich il manque un peuple antique : Pétersbourg eût manqué aux Russes.

Au sortir de la maison de Pierre le Grand, j’ai