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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/312

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respect ordinaire des hommes et des nations pour leurs ancêtres.

Ailleurs on a fait de grandes villes en mémoire des grands faits du passé : ou bien les cités se sont faites d’elles-mêmes à l’aide des circonstances et de l’histoire, sans le concours du moins apparent des calculs humains. Saint-Pétersbourg avec sa magnificence et son immensité est un trophée élevé par les Russes à leur puissance à venir ; l’espérance qui produit de tels efforts me paraît sublime ! Depuis le temple des Juifs, jamais la foi d’un peuple en ses destinées n’a rien arraché à la terre de plus merveilleux que Saint Pétersbourg. Et ce qui rend vraiment admirable ce legs fait par un homme à son ambitieux pays, c’est qu’il a été accepté par l’histoire.

La prophétie de Pierre le Géant, sculptée dans la mer en blocs de granit, s’accomplit depuis un siècle sous les yeux de l’univers. Quand on songe que ces phrases, emphatiques partout ailleurs, ne sont ici que l’expression juste de la réalité, on s’arrête avec respect et l’on se dit : Dieu est là ! C’est la première fois que l’orgueil me paraît touchant : partout où la puissance de l’âme humaine se manifeste tout entière, il y a lieu de s’émerveiller.

Au surplus, l’histoire de Russie ne date pas, comme l’ignorante et frivole Europe paraît le penser, du règne de Pierre Ier : Moscou explique Saint--