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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/356

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de curiosité les Mémoires secrets et véridiques d’un médecin de cour en Russie, mais je ne suivrais pas ses ordonnances ; ces hommes sont placés pour être meilleurs chroniqueurs que docteurs. Donc, en dernière analyse, ce que vous avez de mieux à faire si vous tombez malade chez ce peuple soi-disant civilisé, c’est de vous croire parmi des sauvages et de laisser agir la nature.

En rentrant chez moi, ce soir, j’y ai trouvé une lettre qui m’a causé la plus agréable surprise. Grâce à la protection de notre ambassadeur je serai admis demain dans la chapelle Impériale et j’y verrai le mariage de la grande-duchesse.

Paraître à la cour avant d’être présenté, c’est contre toutes les lois de l’étiquette ; j’étais loin d’espérer une telle faveur. L’Empereur me l’accorde. Le comte Woronzoff, grand maître des cérémonies, sans m’avoir prévenu, car il ne voulait pas me leurrer d’une vague espérance, avait envoyé un courrier à Péterhoff, qui est à dix lieues de Saint-Pétersbourg, afin de supplier Sa Majesté de vouloir bien ordonner de mon sort pour le lendemain. Ce soin gracieux n’a pas été perdu. L’Empereur a répondu que je verrais le mariage dans la chapelle de la cour, et que je serais présenté sans cérémonie le soir du même jour au bal.

À demain donc, au sortir de la chapelle Impériale.


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