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LETTRE ONZIÈME.


Ce 14 juillet 1839. (Cinquante ans jour pour jour après la prise de la Bastille, 14 juillet 1789.)

Remarquez d’abord ces dates dont le rapprochement me paraît assez curieux. Le commencement de nos révolutions et le mariage du fils d’Eugène de Beauharnais ont eu lieu le même jour, à cinquante ans de distance.

Je reviens de la cour après avoir assisté dans la chapelle Impériale à toutes les cérémonies grecques du mariage de la grande-duchesse Marie avec le duc de Leuchtenberg. Tout à l’heure, je vous les décrirai de mon mieux et en détail, mais avant tout, je veux vous parler de l’Empereur.

Au premier abord, le caractère dominant de sa physionomie est la sévérité inquiète, expression peu agréable, il faut l’avouer, malgré la régularité de ses traits. Les physionomistes prétendent, à juste titre, que l’endurcissement du cœur peut nuire à la beauté du visage. Néanmoins, chez l’empereur Nicolas cette disposition peu bienveillante paraît être le résultat de l’expérience plus que l’œuvre de la nature. Ne faut-il pas qu’un homme soit torturé par une longue et cruelle souffrance pour que sa physionomie nous fasse peur,