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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/371

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venait de m’exposer ma vanité de courtisan déconcerté ; simple voyageur, je rentrais dans mon rôle et je retrouvais l’impassibilité de l’observateur philosophe.

Encore un mot sur mon costume : il avait été l’objet d’une consultation grave ; quelques-uns des jeunes gens attachés à la légation française m’avaient conseillé l’habit de garde national ; je craignais que cet uniforme ne déplût à l’Empereur : je me décidai pour celui d’officier d’état-major, avec les épaulettes de lieutenant-colonel, qui sont celles de mon grade.

On m’avait averti que cet habit paraîtrait nouveau, et qu’il deviendrait, de la part des princes de la famille Impériale et de l’Empereur lui-même, le sujet d’une foule de questions qui pourraient m’embarrasser. Jusqu’à présent personne n’a encore eu le temps de s’occuper d’une si petite affaire.

Les cérémonies du mariage grec sont longues et majestueuses : tout est symbolique dans l’église d’Orient. Il m’a semblé que les splendeurs de la religion rehaussaient le lustre des solennités de la cour.

Les murs, les plafonds de la chapelle, les habillements des prêtres et de leurs acolytes, tout étincelait d’or et de pierreries : il y avait là des richesses à étonner l’imagination la moins poétique. Ce spectacle vaut les descriptions les plus fantastiques des Mille et une Nuits ; c’est de la poésie comme Lalla Rhook, comme la Lampe merveilleuse : c’est de cette