Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/372

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poésie orientale où la sensation domine le sentiment et la pensée.

La chapelle Impériale n’est pas d’une grande dimension ; elle était remplie par les représentants de tous les souverains de l’Europe et presque de l’Asie ; par quelques étrangers tels que moi, admis à entrer à la suite du corps diplomatique, par les femmes des ambassadeurs, enfin par les grandes charges de la cour ; une balustrade nous séparait de l’enceinte circulaire où s’élève l’autel. Cet autel est semblable à une table carrée assez basse. On remarquait dans le chœur les places réservées à la famille Impériale. Au moment de notre arrivée elles étaient vides.

J’ai vu peu de choses à comparer pour la magnificence et la solennité à l’entrée de l’Empereur dans cette chapelle étincelante de dorures. Il a paru, s’avançant avec l’Impératrice et suivi de toute la cour : aussitôt mes regards et ceux des assistants se sont fixés sur lui ; nous avons ensuite admiré sa famille : les deux jeunes époux brillaient entre tous. Un mariage d’inclination sous des habits brodés et dans des lieux si pompeux, c’est une rareté qui mettait le comble à l’intérêt de la scène. Voilà ce que tout le monde disait autour de moi ; mais moi, je ne crois pas à cette merveille et je ne puis m’empêcher de voir une intention politique dans tout ce qu’on fait et dit ici. L’Empereur s’y trompe peut-être lui-même ; il