Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/41

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dernières conséquences les réflexions que cet examen peut me suggérer, pourvu toutefois qu’en suivant capricieusement le cours de mes idées, je ne donne aux autres mes opinions que tout juste pour la valeur qu’elles ont à mes propres yeux : voilà, ce me semble, ce qu’on peut appeler la probité de l’écrivain.

Mais en cédant au devoir, j’ai respecté, je l’espère du moins, les lois de la politesse ; il y a une manière convenable de dire des vérités dures : cette manière consiste à ne parler que d’après sa conviction en repoussant les suggestions de la vanité.

Au surplus, ayant beaucoup admiré en Russie, j’ai dû mêler beaucoup de louanges à mes descriptions.

Les Russes ne seront pas satisfaits ; l’amour-propre l’est-il jamais ? Cependant personne n’a été plus frappé que moi de la grandeur de leur nation et de son importance politique. Les hautes destinées de ce peuple, le dernier venu sur le vieux théâtre du monde, m’ont préoccupé tout le temps de mon séjour chez lui. Les Russes en masse m’ont paru grands jusque dans leurs vices les plus choquants ; isolés, ils m’ont paru aimables ; j’ai trouvé au peuple un caractère intéressant : ces vérités flatteuses devraient suffire, ce me