Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/42

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semble, pour en compenser d’autres moins agréables. Mais jusqu’ici les Russes ont été traités en enfants gâtés par la plupart des voyageurs.

Si les discordances qu’on ne peut s’empêcher de remarquer dans leur société actuelle, si l’esprit de leur gouvernement, essentiellement opposé à mes idées et à mes habitudes, m’ont arraché des reproches, et comme des cris d’indignation, mes éloges, également involontaires, n’en ont que plus de portée.

Mais ces hommes de l’Orient, habitués qu’ils sont à respirer et à dispenser l’encens le plus grossier, se tenant toujours pour croyables quand ils se louent les uns les autres, ne seront sensibles qu’au blâme. Toute désapprobation leur paraît une trahison ; ils qualifient de mensonge toute vérité dure ; ils ne verront pas ce qu’il y a de délicate admiration sous mes critiques apparentes, de regret et, à certains égards, de sympathies sous mes remarques les plus sévères.

S’ils ne m’ont pas converti à leurs religions (ils en ont plusieurs, et chez eux la religion politique n’est pas la moins intolérante), si, au contraire, ils ont modifié mes idées monarchiques, en sens opposé au despotisme et favorable au gouvernement représentatif, ils se trouveront offensés par cela seul que je ne