Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/414

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imposant et vieux de forme. Elles portent sur la tête une espèce de fortification d’une riche étoffe : cette coiffure ressemble à la forme d’un chapeau d’homme dont on aurait diminué la hauteur et retranché le fond qui reste ouvert par-dessus pour laisser voir à nu le derrière de la tête. Ce diadème, haut de plusieurs pouces, encadre agréablement le visage sans le couvrir : il est ordinairement brodé de pierres précieuses et placé au-dessus du front qu’il laisse à découvert. C’est un ornement ancien ; il donne à toute la parure un air de noblesse et d’originalité qui sied à merveille aux belles personnes et qui enlaidit singulièrement les laides. Par malheur celles-ci sont en nombre à la cour de Russie, d’où l’on ne se retire guère qu’à la mort : tant les vieilles gens ont d’attache pour les charges qu’ils y remplissent ! En général, je vous le répète, la beauté des femmes est rare à Pétersbourg, mais dans le grand monde, la grâce et le charme suppléent le plus souvent à la régularité des traits, à la pureté des formes. Il y a pourtant quelques Géorgiennes qui réunissent les deux avantages. Ces astres brillent au milieu des femmes du Nord comme des étoiles dans la profonde obscurité des nuits méridionales. La forme de la robe de cour, avec ses longues manches et sa queue traînante, donne à toute la personne un aspect oriental qui rend l’ensemble d’un cercle fort imposant.