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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/419

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la nature. La température du jour s’était élevée à 30 degrés, et, malgré la fraîcheur du soir, l’atmosphère du palais pendant la fête était étouffante. En sortant de table, je me réfugiai au plus vite dans l’embrasure d’une fenêtre ouverte. Là, complétement distrait de ce qui m’environnait, je fus tout à coup saisi d’admiration à la vue d’un de ces effets de lumière dont on ne jouit que dans le Nord et pendant la magique clarté des nuits du pôle. Plusieurs étages de nuages orageux très-noirs, très-lourds, partageaient le ciel par zones ; il était minuit et demi ; les nuits qui recommencent pour Pétersbourg sont encore si courtes qu’à peine a-t-on le temps de les remarquer ; à cette heure, l’aube du jour apparaissait déjà dans la direction d’Archangel ; le vent de terre était tombé, et dans les intervalles qui séparaient les bandes de nuages immobiles, on voyait le fond du ciel semblable, tant le blanc en était vif et brillant, à des lames d’argent séparées par de massives guirlandes de broderie. Cette lumière se réfléchissait sur la Néva sans courant, car le golfe, encore agité par l’orage du jour, repoussait l’eau dans le lit du fleuve et donnait à la vaste nappe de cette rivière endormie l’apparence d’une mer de lait ou d’un lac de nacre.

La plus grande partie de Pétersbourg avec ses quais et les aiguilles de ses chapelles s’étendait de-