Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/43

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suis pas de leur avis. C’est un regret pour moi, mais je préfère le regret au remords.

Si je n’étais résigné à leur injustice, je n’imprimerais pas ces lettres. Au surplus, ils pourront se plaindre de moi en paroles, mais ils m’absoudront dans leur conscience ; ce témoignage me suffit. Tout Russe de bonne foi conviendra que si j’ai commis des erreurs de détail faute de temps pour rectifier mes illusions, j’ai peint en général la Russie comme elle est. Ils me tiendront compte des difficultés que j’avais à vaincre, et me féliciteront du bonheur et de la promptitude avec lesquels j’ai pu saisir les traits de leur caractère primitif sous le masque politique qui le défigure depuis tant de siècles.

Les faits dont je fus témoin sont rapportés par moi comme ils se sont passés sous mes yeux ; ceux qu’on m’a racontés sont reproduits tels que je les ai recueillis ; je n’ai point essayé de tromper le lecteur en me substituant aux personnes que j’ai consultées. Si je me suis abstenu, non-seulement de nommer celles-ci, mais de les désigner en aucune façon, ma discrétion sera sans doute appréciée ; elle est une garantie de plus du degré de confiance que méritent les esprits éclairés à qui j’ai cru pouvoir m’adresser pour m’éclaircir de certains faits qu’il m’était impossible d’ob-