Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/67

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réfugiée à cette même cour pour fuir ce même gouvernement français. La division des opinions se manifestait dans chaque maison, et la discorde qui menaçait les peuples s’annonçait dans les familles par le trouble et la contradiction.

Quand mon père voulut retourner en France pour rendre compte de ses négociations, sa belle-mère se joignit à tous les amis qu’il avait à Berlin pour tenter de le détourner de ce dessein. Un M. de Kalkreuth, le neveu du fameux compagnon d’armes du prince Henri de Prusse, se jeta presqu’à ses pieds pour le retenir à Berlin, et pour l’engager du moins à attendre en sûreté dans l’émigration le temps où il pourrait de nouveau servir son pays. Il lui prédit tout ce qui allait lui arriver à son retour en France.

Les scènes du 10 août venaient d’épouvanter l’Europe. Louis XVI était emprisonné, le désordre se répandait partout ; chaque jour quelques nouveaux discours changeaient à la tribune la face des affaires ; dans l’intérieur de la France, aussi bien que dans les pays étrangers, l’anarchie déliait de leurs obligations les hommes politiques employés par le gouvernement français. Ce gouvernement, lui disait-on, était sans autorité sur les peuples, sans respect pour lui-même, sans considération au dehors, en un mot, on ne négligea rien pour faire sentir à mon père que sa fidélité envers les hommes qui dirigeaient momentanément