Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/68

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les affaires de notre pays était un héroïsme plutôt digne de blâme que d’admiration.

Mon père ne se laissait séduire par aucune subtilité de conscience ; il se conduisit de manière à justifier l’ancienne devise de sa famille : « Fais ce que doys, adviegne que pourra. »

« J’ai été envoyé, répondait-il à ses amis, par ce gouvernement ; mon devoir est de retourner rendre compte de ma mission à ceux qui m’en ont chargé : je ferai mon devoir. »

Là-dessus mon père, Régulus ignoré d’un pays où l’héroïsme de la veille est étouffé par la gloire du jour et par l’ambition du lendemain, partit tranquillement pour la France, où l’échafaud l’attendait.

Il y trouva d’abord les affaires dans un tel désordre que, renonçant à la politique, il se rendit aussitôt à l’armée du Rhin, commandée par son père, le général Custine. Là, il fit avec honneur deux campagnes, comme volontaire, et quand le général qui avait ouvert le chemin de la conquête à nos armées revint à Paris pour y mourir, il le suivit pour le défendre. Tous deux périrent de la même manière. Mais mon père survécut un peu de temps à son père ; il ne fut condamné qu’avec les Girondins, parmi lesquels se trouvaient ses meilleurs amis.

Il mourut résigné à toutes les vertus du martyr, même à la vertu méconnue.