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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/134

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un peuple n’est qu’un troupeau conduit par quelques limiers habilement dressés ?

Je n’ai pas mentionné une espèce d’hommes qui ne doivent être comptés ni parmi les grands ni parmi les petits : ce sont les fils de prêtres ; presque tous deviennent des employés subalternes, et ce peuple de commis est la plaie de la Russie[1] : il forme une espèce de corps de noblesse obscure très-hostile aux grands seigneurs ; une noblesse dont l’esprit est anti-aristocratique dans la vraie signification politique du mot, et qui n’en est pas moins très-pesante aux serfs : ce sont ces hommes incommodes à l’État, fruits du schisme, lequel permit au prêtre d’avoir une femme, qui commenceront la prochaine révolution de la Russie.

Le corps de cette noblesse secondaire se recrute également des administrateurs, des artistes, des employés de tous genres venus de l’étranger et de leurs enfants anoblis : voyez-vous dans tout cela l’élément d’un peuple vraiment russe, et digne et capable de justifier, d’apprécier la popularité du souverain ?

Encore une fois, tout est déception en Russie, et la gracieuse familiarité du Czar accueillant dans son palais ses serfs et les serfs de ses courtisans, n’est qu’une dérision de plus.

La peine de mort n’existe pas en ce pays, hors

  1. Voir plus loin la Lettre trente et unième, datée de Yaroslaw.