Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/147

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celle de la campagne consiste en quelques bouquets de bouleaux, d’un vert triste, et en des allées du même arbre, plantées comme limites entre des prés marécageux, des bois noueux et malingres et des champs cultivés où le froment ne vient pas ; car, qu’est ce qui vient sous le soixantième degré de latitude ?

Quand je pense à tous les obstacles que l’homme a vaincus ici pour y vivre en société, pour bâtir une ville et loger plus qu’un roi, dans des repaires d’ours et de loups, comme on disait à Catherine, et pour l’y maintenir avec la magnificence convenable à la vanité des grands princes et des grands peuples, je ne vois pas une laitue, pas une rose, sans être tenté de crier au miracle. Si Pétersbourg est une Laponie badigeonnée, Péterhoff est le palais d’Armide sous verre. Je ne me crois pas en plein air quand je vois tant de choses pompeuses, délicates, brillantes, et que je pense qu’à quelques degrés plus haut l’année se divise en quatre parties égales : un jour, une nuit et deux crépuscules de trois mois chacun. C’est alors surtout que je ne puis m’empêcher d’admirer !!…

J’admire le triomphe de la volonté humaine par tout où je le reconnais, ce qui ne m’oblige pas d’admirer bien souvent.

On fait une lieue en voiture dans le parc Impérial de Péterhoff sans passer deux fois par la même allée ; or, figurez-vous ce parc tout de feu. Dans ce pays gla-