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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/149

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pâlir le soleil. À cette époque de l’été, les nuits recommencent, elles allongent rapidement, et hier, sans l’illumination, il aurait fait noir pendant quelques heures sous les grandes allées du parc de Péterhoff.

On dit encore qu’en trente-cinq minutes tous les lampions du parc sont allumés par dix huit cents hommes ; la partie des illuminations qui fait face au château s’éclaire en cinq minutes. Elle comprend entre autres un canal qui correspond au principal balcon du palais, et s’enfonce en ligne droite dans le parc vers la mer, à une grande distance. Cette perspective est d’un effet magique, la nappe d’eau du canal est tellement bordée de lumières, elle reflète des clartés si vives, qu’on la prend pour du feu. L’Arioste aurait peut-être l’imagination assez brillante pour vous peindre tant de merveilles dans la langue des fées ; il y a du goût et de la fantaisie dans l’usage qu’on a fait ici de cette prodigieuse masse de lumière : on a donné à divers groupes de lampions, heureusement dispersés, des formes originales : ce sont des fleurs grandes comme des arbres, des soleils, des vases, des berceaux de pampres imitant les pergole[1] italiennes, des obélisques, des colonnes, des murailles ciselées à la manière moresque ; enfin tout un monde fantastique vous passe sous les yeux sans

  1. Treilles portées sur des colonnes ou sur des pilastres.