Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/15

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J’ai vu le congrès de Vienne, mais je ne me souviens d’aucune réunion comparable pour la richesse des pierreries, des habits, pour la variété, le luxe des uniformes, ni pour la grandeur et l’ordonnance de l’ensemble, à la fête donnée par l’Empereur le soir du mariage de sa fille, dans ce même palais d’hiver brûlé il y a un an, et qui renaît de ses cendres à la voix d’un seul homme.

Pierre le Grand n’est pas mort ! Sa force morale vit toujours, agit toujours : Nicolas est le seul souverain russe qu’ait eu la Russie depuis le fondateur de sa capitale.

Vers la fin de la soirée donnée à la cour pour célébrer les noces de la grande-duchesse Marie, comme je me tenais à l’écart selon mon usage, l’Impératrice, qui m’avait adressé déjà quelques mots gracieux dans l’embrasure d’une fenêtre, m’a fait chercher dans tout le bal pendant un quart d’heure par des officiers de service qui ne me trouvaient pas. J’étais absorbé par la beauté du ciel, et j’admirais la nuit, appuyé contre cette même fenêtre où l’Impératrice m’avait laissé. Depuis le souper je n’avais quitté cette place qu’un instant pour me trouver sur le passage de Leurs Majestés ; mais n’ayant pas été aperçu j’étais retourné dans l’espèce de tribune d’où je contemplais à loisir le poétique spectacle d’un lever de soleil sur une grande ville pendant un bal de cour. Les officiers qui