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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/153

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manteau en Espagne….. À défaut de paille, chose rare dans un pays où le blé ne vient pas, mon matelas se remplit de foin : on en trouve à peu près partout.

Si l’on ne veut pas se charger d’un lit, il faut au moins porter avec soi la toile d’une paillasse. C’est ce que je fais pour mon valet de chambre qui n’est pas plus que moi résigné à dormir à la russe. Même je me passerais de lit encore plus facilement que lui, puisque j’ai employé près de deux nuits à vous écrire ce que vous lisez.

Les bivouacs d’amateurs sont ce qu’il y a de plus pittoresque à Péterhoff, car dans les campements des soldats on retrouve l’uniformité militaire. Les Hulans bivouaquent au milieu d’une prairie, autour d’un étang, aux environs du palais, et près de là est aussi campé le régiment des gardes à cheval de l’Impératrice, sans compter les Circassiens casernés à l’une des extrémités du village ; enfin, les cadets sont en partie distribués dans les maisons, en partie parqués militairement dans un champ.

Dans tout autre pays, un si grand rassemblement d’hommes produirait un mouvement, un tumulte étourdissants. En Russie, tout se passe avec gravité, tout prend le caractère d’une cérémonie ; là, le silence est de rigueur ; à voir tous ces jeunes gens réunis là pour leur plaisir, ou pour celui des autres, n’osant