Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/162

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des chevaux qui les traînent, tout cet ensemble ne manque ni de grandeur ni d’originalité. Un luxe vraiment royal : c’est aujourd’hui chose rare en Europe.

Le nombre de ces équipages est considérable, c’est une des magnificences de la fête de Péterhoff ; il y en a pour tout ce qui est invité, moins les serfs et les bourgeois de parade parqués dans les salles du palais.

Un maître des cérémonies m’avait indiqué la ligne dans laquelle je devais monter, mais au milieu du désordre de la sortie personne n’atteint sa place ; je ne pus retrouver ni mon domestique ni mon manteau, et j’entrai à la fin dans une des dernières lignes où je m’assis à côté d’une dame russe qui n’avait point été au bal, mais qui était venue là de Pétersbourg pour montrer l’illumination à ses filles. La conversation de ces dames, qui paraissaient tenir à toutes les familles de la cour, était franche, et en cela, elle différait de celle des personnes de service au palais. La mère se mit tout d’abord en rapport avec moi, son ton était d’une facilité de bon goût qui révélait la grande dame. Je reconnus là ce que j’avais déjà remarqué ailleurs, c’est que lorsque les femmes russes sont naturelles, ce n’est ni la douceur ni l’indulgence qui dominent dans leur conversation. Elle me nomma toutes les personnes que nous voyions passer devant