Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/179

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On reconnaît, dans la distribution et la décoration du cottage, que des affections et des habitudes de famille ont présidé à l’arrangement et au plan de cette habitation. Ceci vaut mieux encore que le sentiment du beau dans les œuvres du génie. Une seule chose m’a déplu dans l’ordonnance et dans l’ameublement de cette élégante retraite : c’est une soumission trop servile à la mode anglaise.

Nous avons vu le rez-de-chaussée très-rapidement, de peur d’ennuyer notre guide. La présence d’un si auguste cicerone m’embarrassait. Je sais que rien ne gêne les princes autant que notre timidité, à moins qu’elle ne soit affectée pour les flatter ; cette connaissance de leur humeur augmente ma peine par la conviction où je suis de leur déplaire inévitablement. Ils aiment qu’on les mette à leur aise et l’on n’y parvient qu’en y étant soi-même. Je suis donc sûr de mon fait ; une telle conviction m’est on ne saurait plus désagréable, car personne n’aime à déplaire.

Avec un prince sérieux, je puis espérer quelque fois de me sauver par la conversation, mais avec un prince jeune, léger, élégant et gai, je suis sans ressource,

Un escalier fort étroit, mais embelli par des tapis anglais, nous a conduits à l’étage supérieur : c’est là qu’est la chambre où la grande-duchesse Marie a passé une partie de son enfance (elle est vide) ; celle