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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/190

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dant la nuit. Ce conseil ayant été agréé, l’Impératrice rentra avec le même visage et continua son dîner avec la même gaieté. Le lendemain, quand on eut répandu que Pierre était mort d’une colique hémorroïdale, elle parut baignée de pleurs, et publia sa douleur par un édit. »

En parcourant le parc d’Oranienbaum, qui est grand et beau, j’ai visité plusieurs des pavillons où l’Impératrice Catherine donnait ses rendez-vous amoureux ; il y en a de magnifiques ; il y en a où le mauvais goût, les ornements puérils dominent : en général, l’architecture de ces fabriques manque de style et de grandeur ; c’est assez bon pour l’usage au quel la divinité du lieu les destinait.

De retour à Péterhoff, j’ai couché pour la troisième nuit dans le théâtre.

Ce matin, en revenant à Pétersbourg, j’ai pris la route de Krasnoeselo où il y a un camp assez curieux à voir. On dit que quarante mille hommes de la garde Impériale sont logés là sous des tentes ou dispersés dans des villages voisins, d’autres disent soixante-dix mille. En Russie, chacun m’impose son chiffre, mais rien ne m’est plus indifférent que les énumérations de fantaisie, car rien n’est plus menteur. Ce que j’admire, c’est le prix qu’on attache ici à tromper sur ces choses. Il y a un genre de feinte qui est de l’enfantillage.