Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/189

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ment, se tenaient en dehors, à la porte de sa prison. C’étaient le plus jeune des princes Baratinski et un nommé Potemkin, âgé de dix-sept ans. Ils avaient montré tant de zèle dans la conspiration, que, malgré leur extrême jeunesse, on les avait chargés de cette garde : ils accoururent, et trois de ces meurtriers ayant noué et serré une serviette autour du cou de ce malheureux Empereur, tandis qu’Orlof de ses deux genoux lui pressait la poitrine et le tenait étouffé, ils achevèrent ainsi de l’étrangler ; et il demeura sans vie entre leurs mains.

« On ne sait pas avec certitude quelle part l’Impératrice eut à cet événement ; mais ce qu’on peut assurer, c’est que, le jour même qu’il se passa, cette princesse commençant son dîner avec beaucoup de gaieté, on vit entrer ce même Orlof échevelé, couvert de sueur et de poussière, ses habits déchirés, sa physionomie agitée, pleine d’horreur et de précipitation. En entrant, ses yeux étincelants et troublés cherchèrent les yeux de l’Impératrice. Elle se leva en silence, passa dans un cabinet où il la suivit, et quelques instants après elle fit appeler le comte Panin, déjà nommé son ministre : elle lui apprit que l’Empereur était mort. Panin conseilla de laisser passer une nuit, et de répandre la nouvelle le lendemain, comme si on l’avait reçue pen-