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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/213

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abominables scènes ; et il y avait là des hommes de toutes les classes. Si vous me donnez cette approbation tacite de la foule pour excuse, nous sommes d’accord.

En plein jour, en pleine rue, frapper un homme à mort avant de le juger, voilà ce qui paraît fort simple au public et aux sbires de Pétersbourg. Bourgeois, seigneurs, soldats et citadins, pauvres et riches, grands et petits, élégants et manants, rustres et dandys, tous s’entendent pour laisser s’opérer tranquillement de telles choses sous leurs yeux, sans s’embarrasser de la légalité de l’acte. Ailleurs, le citoyen est protégé par tout le monde contre l’agent du pouvoir qui abuse : ici, l’agent public est protégé contre la juste réclamation de l’homme maltraité. Le serf ne réclame pas.

L’Empereur Nicolas a fait un code ! Si les faits que je vous raconte sont d’accord avec les lois de ce code, tant pis pour le législateur ; s’ils sont illégaux, tant pis pour l’administrateur. C’est toujours l’Empereur qui est responsable. Quel malheur de n’être qu’un homme quand on accepte la charge d’un dieu !.. et qu’on est forcé de l’accepter ! Le gouvernement absolu ne devrait être confié qu’à des anges.

Je proteste de l’exactitude des faits que j’ai rapportés ; je n’ai ni ajouté ni retranché un geste dans le récit que vous venez de lire, et je suis rentré pour