Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/224

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gulier ; ma question n’était pas achevée qu’un visage hâve se montre à l’un des guichets de la boîte et se charge de la réponse : cette voiture sert à transporter les prisonniers au lieu de leur destination.

« C’est la voiture cellulaire des Russes, me dit mon compagnon ; ailleurs il y a sans doute quelque chose de semblable, mais c’est un objet odieux et qu’on dérobe aux regards le plus possible : ne vous semble-t-il pas ici qu’on en fasse montre ? quel gouvernement !

— Songez, repartis-je, aux difficultés qu’il rencontre.

— Ah ! vous êtes encore la dupe de leurs paroles dorées ; je le vois bien, les autorités russes feront de vous ce qu’elles voudront.

— Je tâche de me mettre à leur point de vue : rien ne mérite plus d’égards que le point de vue des hommes qui gouvernent, car ce ne sont pas eux qui le choisissent. Tout gouvernement est obligé de partir des faits accomplis ; celui-ci n’a pas créé l’ordre de choses qu’il est appelé à défendre énergiquement, et à perfectionner prudemment. Si la verge de fer qui dirige ce peuple encore brut cessait un instant de s’appesantir sur lui, la société entière serait bouleversée.

— On vous dit cela ; mais croyez bien qu’on se plaît à cette prétendue nécessité : ceux qui se plai-