Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/249

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prononcer le nom devant les hommes qui ne peuvent que compromettre une cause sainte par leur manière de la défendre ; c’est ce qui me fait douter de l’imprudente réponse attribuée à l’Empereur. Ce prince connaît mieux que personne le caractère de son peuple, et je ne puis m’imaginer qu’il ait provoqué la révolte des paysans, même sans le vouloir. Toutefois, je dois ajouter que plusieurs personnes bien instruites pensent là-dessus autrement que je ne pense.

Les horreurs de l’émeute sont décrites par l’auteur de Telenef avec une exactitude d’autant plus scrupuleuse, que l’action principale s’est passée dans la famille même de celui qui la raconte.

S’il s’est permis d’ennoblir le caractère et l’amour des deux jeunes gens, c’est qu’il a l’imagination poétique ; mais tout en embellissant les sentiments il conserve aux hommes leurs habitudes nationales : enfin ni par les faits, ni par les passions, ni par les mœurs, ce petit roman ne me paraît déplacé au milieu d’un ouvrage dont tout le mérite consiste dans la vérité des peintures.

J’ajoute que des scènes sanglantes se renouvellent encore journellement sur plusieurs points de la même contrée, où l’ordre public vient d’être troublé et rétabli d’une si effroyable manière. Vous voyez que les Russes ont mauvaise grâce de reprocher à la France ses désordres politiques, et d’en tirer des conséquen-