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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/261

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— Sans doute… Mon fils a vu le Pére.

— L’Empereur ?

— Oui ; et l’Empereur lui-même nous fait dire que nous allons être libres ; c’est sa volonté ; s’il ne dépendait que de lui, cela serait fait[1]. »

Telenef hausse les épaules, puis il reprend :

« Comment Fedor a-t-il pu faire pour parler à l’Empereur ?

— Comment ?… il s’est joint à nos gens qui étaient envoyés par tous ceux du pays et des villages voisins, pour aller demander à notre Père… » Ici la mère Pacôme s’arrêta tout court…

« Pour lui demander quoi ? »

La vieille, qui s’était aperçue un peu tard de son indiscrétion, prit le parti de se taire obstinément, malgré les questions précipitées du régisseur. Ce brusque silence avait quelque chose d’inusité qui pouvait paraître significatif.

« Mais, à la fin, qu’est-ce que vous machinez ici contre nous ? s’écria Telenef furieux et en prenant la vieille par les deux épaules.

— C’est facile à deviner, dit Xenie en s’avançant pour séparer son père de sa nourrice : vous savez que l’Empereur a fait au printemps de l’année dernière l’acquisition du domaine de***, voisin du nôtre. De-

  1. Historique.