Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/260

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— Comment ?… quel prince ? notre maître ?… Puis, s’interrompant : Ah ! sans doute, s’écria Telenef surpris, mais ne voulant pas ignorer ce que paraissait savoir une paysanne, sans doute je vous protégerai. Au reste, il ne viendra pas de sitôt ; le même bruit court tous les ans dans cette saison.

— Pardonnez-moi, monsieur Telenef, il sera ici avant peu. »

L’intendant aurait voulu presser de questions la nourrice de Xenie ; mais sa dignité le gênait. Xenie devina son embarras et vint à son secours.

« Dis-moi, nourrice, comment es-tu si bien instruite des projets et de la marche de notre seigneur le prince*** ?

— J’ai appris cela de Fedor. Ah ! mon fils sait bien d’autres choses encore ! il est devenu un homme. Il a vingt et un ans, juste une année de plus que vous, ma belle demoiselle ; mais il est encore grandi, si j’osais… je dirais… il est si beau !… je dirais que vous vous ressemblez.

— Tais-toi, babillarde ; pourquoi ma fille ressemblerait-elle à ton fils ?

— Ils ont sucé le même lait ; on se ressemble de plus loin ; et même… mais non… quand vous ne serez plus notre chef, je vous dirai ce que je pense de leurs caractères.

— Quand je ne serai plus votre chef ?