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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/265

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front haut et d’un blanc d’ivoire ; ses yeux d’azur, bordés de longs cils noirs recourbés, et qui faisaient ombre sur des joues fraîches, mais à peine colorées, étaient transparents comme une source d’eau limpide ; ses sourcils, parfaitement dessinés, mais peu marqués, étaient cependant d’une teinte plus foncée que celle de ses cheveux ; sa bouche, assez grande, laissait voir des dents si blanches que tout le visage en était éclairé ; ses lèvres roses brillaient de l’éclat de l’innocence, son visage presque rond avait pourtant beaucoup de noblesse, et sa physionomie exprimait une délicatesse de sentiment, une tendresse religieuse dont le charme communicatif était ressenti par tout le monde au premier coup d’œil. Il ne lui manquait qu’une auréole d’argent pour être la plus belle des madones byzantines, dont on permet d’orner les églises russes[1].

Son frère de lait était un des plus beaux hommes de ce gouvernement renommé par la beauté, la taille svelte, élevée, la santé et l’air dégagé de ses habi-

  1. Le culte des images est toujours défendu jusqu’à un certain point dans l’Église grecque, où les vrais croyants n’admettent que des peintures d’un style de convention, couvertes de certains ornements d’or et d’argent en relief ; le mérite du tableau disparaît totalement sous ces applications. Telles sont les seules peintures tolérées dans la maison de Dieu par les Russes orthodoxes. (Note du Voyageur.)