Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/28

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liés, une partie des autres sont Allemands, il y a jusqu’à des khans de Kirguises qui m’amènent leurs fils pour les faire élever parmi mes cadets : en voici un, » me dit-il en me montrant du doigt un petit singe chinois, dans son bizarre costume de velours tout chamarré d’or ; cet enfant de l’Asie était affublé d’un haut bonnet roide et pointu, à grands rebords arrondis et retroussés, semblable à la coiffure d’un escamoteur.

« Là, deux cent mille enfants sont élevés et instruits à mes frais avec cet enfant.

— Sire, tout se fait en grand en Russie : tout y est colossal.

— Trop colossal pour un homme.

— Quel homme fut jamais plus près de son peuple ?

— Vous parlez de Pierre le Grand ?

— Non, Sire.

— J’espère que vous ne vous bornerez pas à voir Pétersbourg : quel est votre plan de voyage dans mon pays ?

— Sire, je désire partir aussitôt après la fête de Péterhoff.

— Pour aller ?

— À Moscou et à Nijni.

— C’est bien ; mais vous vous y prenez trop tôt : vous quitterez Moscou avant mon arrivée, cependant j’aurais été bien aise de vous y voir.