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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/285

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pas me répondre, permis à toi ; je veux bien parler tout seul, mais, encore une fois, je ne permets pas qu’on m’interrompe. Je suis ton ancien, le parrain de ton enfant nouveau-né, ton chef… Vois-tu ce signe sur ma poitrine ? c’est celui de mon grade dans notre armée : j’ai donc le droit de parler devant toi…, et si tu dis un mot, j’ai mes hommes qui bivouaquent là-bas ! d’un coup de sifflet, je les fais venir autour de la maison, qui ne sera pas longtemps à brûler comme un flambeau de résine…, tu n’as qu’à dire… aussi bien… patience…, nous laissons mûrir l’épi pour mieux… mais patience !

Fedor s’assied en affectant l’air le plus insouciant.

« À la bonne heure !! continue Basile en grommelant dans ses dents… Ah ! je te rappelle un souvenir désagréable, pas vrai ? c’est que tu l’as trop oublié ce souvenir-là, vois-tu, mon fils ; puis élevant la voix : je veux te raconter ta propre histoire ; ça sera drôle ; tu verras au moins que je sais lire dans les pensées, et s’il y avait jamais en toi l’étoffe d’un traître… »

Ici Basile s’interrompt encore, ouvre un wasistas et parle à l’oreille d’un homme qui se présente à la lucarne accompagné de cinq autres paysans tous armés comme lui, et qu’on entrevoit dans l’ombre.

Fedor avait saisi son poignard : il le replace dans sa ceinture ; la vie de Xenie est en jeu, la moindre