Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/287

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que tu voulais ! Eh bien ! je vais te le dire, moi, tu voulais tout simplement te réconcilier avec Telenef…

— Ah ! vous me connaissez mal.

— Je te connais mieux que tu ne te connais toi même, peut-être ; tu as pensé : on a toujours besoin de ses tyrans, alors tu as cédé pour obtenir le pardon de Telenef ; en vérité, nous en aurions tous fait autant à ta place ; mais ce que je te reproche, c’est de vouloir me tromper, moi qui devine tout. Il n’y avait pas d’autre moyen pour regagner la faveur du père que de le rassurer sur les suites de ton amour pour la fille ; et voilà comment tu t’es marié, sans égard aux chagrins de ta pauvre femme, que tu condamnais à un malheur éternel, et que tu n’as pas craint d’abandonner au moment où elle espérait te donner un fils.

— Je l’ignorais quand je l’ai quittée ; elle m’avait caché son état : encore une fois, j’ai agi sans projet ; j’étais habitué à me laisser guider par ma sœur de lait ; elle a tant d’esprit !

— Oui, c’est dommage…

— Comment ?

— Je dis que c’est dommage ; ce sera une perte pour le pays.

— Vous pourriez !..,

— Nous pourrons l’exterminer tout comme les