Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/291

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en silence les campagnes incendiées. De moment en moment l’horizon semble se rétrécir : un cercle de feu borne la plaine. Vologda brûle, la ville de*** brûle tous les châteaux, toutes les métairies du prince*** brûlent avec plusieurs villages des environs ; les forêts elles-mêmes brûlent ; le carnage est partout. L’incendie éclaire les plus secrètes profondeurs des futaies ; l’ombre est bannie de la solitude, il n’y a plus de solitude ; qui peut se cacher dans une plaine quand les forêts sont de feu ! point d’asile assuré contre ce torrent de lumière qui déborde de tous côtés, l’épouvante est au comble ; l’obscurité chassée des halliers enflammés a disparu, la nuit a fui, et pourtant le soleil n’est pas levé !…

Le cortége de Fedor se grossit de tous les maraudeurs qui parcourent la campagne. La foule est grande ; on arrive enfin sur la place du château.

Là, quel spectacle attendait le prisonnier !

Le château de Vologda, bâti tout en bois, est de venu un immense bûcher dont la flamme s’élève jusqu’au ciel !!! Les paysans, qui avaient cerné cet antique manoir avant d’y mettre le feu, pensent avoir brûlé Xenie dans l’habitation même de son père.

Une ligne de barques, serrées l’une contre l’autre, complète sur l’eau le cercle du blocus de terre. Au milieu de la demi-lune formée devant le château par l’armée des insurgés, le malheureux Telenef, arra-