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Toutes les classes du tchinn répondant à autant de grades militaires, la hiérarchie de l’armée se trouve pour ainsi dire en parallèle avec l’ordre qui règne dans l’État tout entier. La première classe est au sommet de la pyramide, et elle se compose aujourd’hui d’un seul homme : le maréchal Paskiewitch, vice-roi de Varsovie.

Je vous le répète, c’est uniquement la volonté de l’Empereur qui fait qu’un individu avance dans le tchinn. Ainsi, un homme monté de degrés en degrés jusqu’au rang le plus élevé de cette nation artificielle peut parvenir aux derniers honneurs militaires sans avoir servi dans aucune arme.

La faveur de l’avancement ne se demande jamais, mais elle se brigue toujours.

Il y a là une force de fermentation immense mise à la disposition du chef de l’État. Les médecins se plaignent de ne pouvoir donner la fièvre à certains patients pour les guérir des maladies chroniques : le Czar Pierre a inoculé la fièvre de l’ambition à tout son peuple pour le rendre plus pliable et pour le gouverner à sa guise.

L’aristocratie anglaise est également indépendante de la naissance, puisqu’elle tient à deux choses qui s’acquièrent : à la charge et à la terre. Or, si cette aristocratie, toute mitigée qu’elle est, prête encore une énorme influence à la couronne, quelle ne doit