Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/376

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de bûches. Malheureusement ce rustique et mobile parquet posé sur la bourbe, est construit en bouts de bois mal joints, inégaux ; tout l’édifice branlant danse à la fois sous les roues dans un terrain sans fond, toujours détrempé, et qui, à la moindre pression, devient élastique. Au train dont on voyage en Russie on a bientôt brisé sa voiture sur de pareilles routes : les hommes s’y cassent les os, et de verste en verste les boulons des calèches sautent de tous côtés ; le fer des roues se coupe, les ressorts éclatent ; ceci doit réduire les équipages à leur plus simple expression, à quelque chose d’aussi primitif que la téléga.

Excepté la fameuse chaussée de Pétersbourg à Moscou, la route de Schlusselbourg est encore un des chemins où il y a le moins de ces redoutables rondins. J’y ai compté beaucoup de ponts en mauvaises planches, et l’un de ces ponts m’a semblé périlleux. La vie humaine est peu de chose en Russie. Avec soixante millions d’enfants, peut-on avoir des entrailles de père ?

À mon arrivée à Schlusselbourg, où j’étais attendu, je fus reçu par l’ingénieur chargé de diriger les travaux des écluses.

Le canal Ladoga, tel qu’il est aujourd’hui, longe la partie du lac qui se trouve entre la ville du même nom et Schlusselbourg : c’est un magnifique ouvrage ;