Plusieurs des dames de la cour, mais en petit nombre, ont une réputation de beauté méritée, d’autres en ont une usurpée à force de coquetterie, d’agitation et de recherche, le tout imité de l’anglais, car les Russes du grand monde passent leur vie à chercher au loin les types de la mode ; ils se trompent quelquefois dans le choix de leurs modèles ; cette méprise produit alors une élégance fort étrange : l’élégance sans goût. Un Russe abandonné à lui-même passerait sa vie dans les transes de la vanité mécontente ; il se croirait un barbare : rien ne nuit au naturel, et, par conséquent, à l’esprit d’un peuple, comme cette préoccupation continuelle de la supériorité sociale des autres nations. Être humble, rougir de soi à force de fatuité, c’est une des bizarreries de l’amour-propre humain. J’ai déjà eu le temps de m’apercevoir que ce phénomène n’est pas rare en Russie où l’on peut étudier le caractère parvenu dans toutes les castes et à tous les rangs.
En général, dans les diverses classes de la nation,