Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LETTRE TREIZIÈME.


Pétersbourg, ce 21 juillet 1839.

Plusieurs des dames de la cour, mais en petit nombre, ont une réputation de beauté méritée, d’autres en ont une usurpée à force de coquetterie, d’agitation et de recherche, le tout imité de l’anglais, car les Russes du grand monde passent leur vie à chercher au loin les types de la mode ; ils se trompent quelquefois dans le choix de leurs modèles ; cette méprise produit alors une élégance fort étrange : l’élégance sans goût. Un Russe abandonné à lui-même passerait sa vie dans les transes de la vanité mécontente ; il se croirait un barbare : rien ne nuit au naturel, et, par conséquent, à l’esprit d’un peuple, comme cette préoccupation continuelle de la supériorité sociale des autres nations. Être humble, rougir de soi à force de fatuité, c’est une des bizarreries de l’amour-propre humain. J’ai déjà eu le temps de m’apercevoir que ce phénomène n’est pas rare en Russie où l’on peut étudier le caractère parvenu dans toutes les castes et à tous les rangs.

En général, dans les diverses classes de la nation,