Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/44

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la beauté est moins commune chez les femmes qu’elle ne l’est chez les hommes, ce qui n’empêche pas qu’on ne trouve parmi ceux-ci un grand nombre de physionomies plates et dénuées d’expression. Les races finoises ont les pommettes des joues saillantes, les yeux petits, ternes, enfoncés, le visage écrasé ; on dirait que tous ces hommes, à leur naissance, sont tombés sur le nez ; de plus, ils ont la bouche difforme, et l’ensemble de leur figure, vrai masque d’esclave, est sans aucune expression. Le portrait que je vous fais là ressemble aux Finois, non aux Slaves.

J’ai rencontré beaucoup de personnes marquées de petite vérole, chose rare aujourd’hui dans le reste de l’Europe et qui atteste la négligence de l’administration russe sur un point important.

À Pétersbourg, les races sont tellement mêlées qu’on n’y peut avoir une idée de la vraie population de la Russie : les Allemande, les Suédois, les Livoniens, les Finois qui sont des espèces de Lapons descendus des hauteurs du pôle, les Kalmoucks et d’autres races tartares ont confondu leur sang avec celui des Slaves dont la beauté primitive s’est altérée peu à peu parmi les habitants de la capitale, ce qui me fait penser souvent à la justesse du mot de l’Empereur : « Pétersbourg est russe, mais ce n’est pas la Russie. »

J’ai vu à l’Opéra ce qu’on appelle une représenta-