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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/51

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être quelques hommes savent si son abdication le sauva du péril qu’il crut éviter.

C’était donc dans l’intérêt de la légitimité que les soldats trompés se révoltèrent contre leur souverain légitime.

On a remarqué que, pendant tout le temps que l’Empereur resta devant les troupes, il ne mit pas une seule fois son cheval au galop, tant il avait de calme ; mais il était très-pâle. Il faisait l’essai de sa puissance, et le succès de l’épreuve lui assura l’obéissance de sa nation.

Un tel homme ne peut être jugé d’après la mesure qu’on applique aux hommes ordinaires. Sa voix grave et pleine d’autorité, son regard magnétique et fortement appuyé sur l’objet qui l’attire, mais rendu souvent froid et fixe par l’habitude de réprimer ses passions plus encore que de dissimuler ses pensées, car il est franc ; son front superbe, ses traits qui tiennent de l’Apollon et du Jupiter, sa physionomie peu mobile, imposante, impérieuse, sa figure plus noble que douce, plus monumentale qu’humaine, exerce sur quiconque approche de sa personne un pouvoir souverain. Il devient l’arbitre des volontés d’autrui, parce qu’on voit qu’il est maître de sa propre volonté.

Voici ce que j’ai encore retenu de la suite de notre entretien :