Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/50

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dit-on, que l’un des conjurés s’est approché de lui quatre fois pour le tuer pendant qu’il haranguait sa troupe, et quatre fois le courage a manqué à ce misérable, comme au Cimbre de Marius. Des gens bien instruits ont attribué cette émeute à l’influence des sociétés secrètes par lesquelles la Russie est travaillée, dit-on, depuis les campagnes des alliés en France et les fréquents voyages des officiers russes en Allemagne.

Je vous répète ce que j’entends dire : ce sont des faits obscurs et qu’il m’est impossible de vérifier.

Le moyen qu’avaient employé les conspirateurs pour soulever l’armée était un mensonge ridicule : on avait répandu le bruit que Nicolas usurpait la couronne contre son frère Constantin, lequel s’acheminait, disait-on, vers Pétersbourg pour défendre ses droits les armes à la main. Voici le moyen qu’on avait pris pour décider les révoltés à crier sous les fenêtres du palais : Vive la constitution ! Les meneurs leur avaient persuadé que ce mot constitution était le nom de la femme de Constantin, leur Impératrice supposée. Vous voyez qu’une idée de devoir était au fond du cœur des soldats, puisqu’on n’a pu les entraîner à la rébellion que par une supercherie.

Le fait est que Constantin n’a refusé le trône que par faiblesse : il craignait d’être empoisonné : c’est en quoi consistait sa philosophie. Dieu sait, et peut--